Les deux régiments de tradition du Haut-Berry, dont l'Amicale des Anciens porte le souvenir, le 85e RI de Cosne-sur-Loire et le 95e RI de Bourges sont les héritiers respectivement des 7e et 9e Suisse, tous les deux levés dans la région des Grisons.
Par l'ordonnance du 1er janvier 1791, les régiments d'infanterie de l'armée française prennent un numéro d'ordre. Ainsi, le 7e suisse, régiment de Diesbach, prend le n°85 et le 9e suisse, régiment de Salis-Marschlins, le n°95 dans l'ordre de bataille de l'armée.
Ancien régime.
(7e suisse: régiment de Diesbach).
Les
origines.
Le 7e corps permanent de troupe suisse a été mis sur pied par Johann-Baptist von Salis Soglio, dit "Salis Le Jeune » selon la Capitulation conclue à Versailles le 14 mars 1690.
Jusqu'à son licenciement de 1792, sous les ordres de ses colonels-propriétaires successifs, il participera à presque tous les conflits impliquant la France.
Guerre de la Ligue d'Augsbourg (1690-1697)
Guerre de Succession d'Espagne (1701-1713)
Guerre de succession de la Pologne (1733 à 1738)
Guerre de succession d'Autriche (1741-1748
Guerre de Sept-Ans (1756-1763)
Le régiment, qui avait le numéro 85 dans l'ordre de bataille de l'armée de la France, est licencié à Lille le 20 août 1792.
Le numéro 85 reste vacant jusqu’en 1794.
Révolution et Premier Empire
La 85e Demi-brigade est créée le 27 germinal an II (1794). Aussitôt elle entre en campagne en Belgique dans l’armée de Sambre et Meuse
Suite au décret du 10 germinal an IV, la 85e demi-brigade d'Infanterie de Ligne est reformée avec les 56e demi-brigade de bataille, 104e demi-brigade de bataille, 113e demi-brigade de bataille).
1798-1801 : Campagne d'Egypte.
En 1803, la 85e demi-brigade devient le 85e Régiment d'Infanterie de Ligne et continue ses missions.
De 1805-1809, il participe à la campagne d'Allemagne, puis en 1812 , à la campagne de Russie et des campagnes d'Allemagne en 1813 et de France en 1814.
1815 : Campagne de Belgique.
1815 : Bataille de Waterloo.
Restauration et Second Empire
À la Restauration le régiment est mis en vacance jusqu’en 1820.
Il est alors recréé sous l’appellation de 10e Régiment d'Infanterie Légère.
Entre 1832-1836, il participe à la conquête de l’Algérie.
Il est présent en1855 au siège de Sébastopol. Cette même année, le 10e Régiment d'Infanterie Légère redevient le 85e Régiment d'Infanterie de Ligne
Le 85e de ligne participe en 1859 à la guerre d’Italie puis à la campagne de 1870 1871 contre l’Allemagne.
Les Deux guerres Mondiales
Sous la 3e république le régiment ne participe pas aux conquêtes coloniales.
1914-1918 : Grande Guerre
Le régiment, au ordre du colonel Rabier. constitue avec le 95e RI de Bourges la 31e brigade (colonel Reibel) au sein de la 16e D.I. du général de Maud’Huy.
Il prend le baptême du feu dès le 14 août dans la Meurthe, à Domèvre qu’il emporte par une charge à la baïonnette. Il y subit ses premières pertes. Franchissant la frontière le 15, il entre en Allemagne, dans la zone annexée en 1871. Mis en échec devant Sarrebourg par une artillerie lourde extrêmement meurtrière, il se retire sur ordre et repasse la frontière du 21 au 23 août. Les pertes sont énormes : on compte 1137 tués blessés et disparus dont les deux tiers des cadres
Le 26 le 85e reprend l’attaque sur la Mortagne. Les combats qui font reculer l’ennemi, sont eux aussi meurtriers. Ils durent jusqu’au 13 septembre. En 6 semaines le régiment a perdu 1500 hommes.
Le commandant Chauvet remplace le colonel Rabier qui a été blessé à Sarrebourg
- 1914 : Batailles de Sarrebourg et victoires de Lorraine: Mortagne, Apremont, et Bois d'Ailly.
- 1915 : Opérations d'avril en Woëvre: offensive de Saint-Mihiel.
- 16.07.1916 : Bataille de Verdun, secteur de Tavannes.
- 1917 : Offensive de Champagne (16 avril), Bois de la Grille.
1918 : L'Aisne : Main de Massiges, La Vesle, Hundling-Stellung, et St-Thierry.
- 1920 : Dissolution du régiment dont les traditions sont gardées par le 95e R.I.
1939-1940 Deuxième guerre mondiale
Fin août 1939 le 85e RI est réactivé sous la forme d'un régiment de réserve de série A et mis sur pied de guerre à Bourges. Il reprend ses glorieuses traditions et le drapeau de 1918.
De fin septembre à fin novembre 1939 il prend part aux opérations en Sarre, subissant des pertes significatives dans des accrochages sévères dans la zone frontalière au nord-ouest de Sarrebourg.
Le 6 juin 1940, le 85e RI livre son grand combat dans la région de Mont-Notre-Dame. Écrasé par le nombre et la force de l'ennemi il retraite en combattant jusqu'à Magnac-Bourg (Haute-Vienne). Le régiment est dissous le 9 juillet 1940. Les batailles suivantes étaient portées sur son drapeau
VALMY 1792
PASSAGE DU TYROL 1797
AUERSTAEDT 1806
SÉBASTOPOL 1855
SOLFÉRINO 1859
VERDUN 1916
L’AISNE 1918
SAINT-THIERRY 1918
Sa cravate est décorée de la Croix de guerre 1914-1918 avec deux palmes (deux citations à l'ordre de l'armée) ; et de la Médaille d'or de Milan.
Une seconde citation à l'ordre de l'armée confère au 85e régiment d'infanterie le droit au port sur son drapeau de la fourragère aux couleurs du ruban de la Croix de guerre 1914-1918 le 10 décembre 1918
Marche :
C'est d'un voyage à Berlin en 1783 que le colonel Ladislas de Diesbach Belleroche rapporta cette marche dont il dota son régiment.
En 1792 lors de la dissolution du régiment elle faillit disparaître. Mme Grenet de Blérancourt l'a transcrivit de mémoire et la Comtesse Alphonse de Diesbach, née Meta Mac Call, l'arrangea pour piano.
Elle a été redonnée par le Cte Eugène de Diesbach Belleroche, député du Pas de Calais, au chef de musique du 85ème qui l'adapta pour orchestre. Cette dernière version a été transmise en 2008 à la Légion Etrangère qui l'a dès lors inscrite à son répertoire.
A partir de la version pour piano, E. Lauber réalisa une adaptation au XXe siècle pour Roger de Diesbach, colonel divisonnaire. Celle-ci est parfois jouée à Fribourg.
Réf.
:
- DIESBACH de BELLEROCHE (Meta Mac CALL, Comtesse Alphonse de)
: Marche du Régiment de Diesbach, actuellement le 85e
régiment d’infanterie ; reconstituée et arrangée
par la Ctesse Alphonse de Diesbach. Paris, Delauchy, sd - 3 pp.
-
LAUBER (E.) : Marche du Régiment de Diesbach (harmonisée
par E. Lauber). Lausanne, Foetisch, sd - 3 pp.
-
DIEBACH de BELLEROCHE (Hubert de): Historique de la marche
du régiment de Diesbach. In Chronique Diesbach N°
4, 1973 - pp. 5-12.
Marche
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Fanfare
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Sous
la direction de : |
Arrangement
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Durée:
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Marche du régiment de Diesbach :
www.youtube.com/watch?v=Q8uHhBjUXK8
Le Salut au 85e, marche composée par son chef de musique F. Petit, est morceau important du répertoire actuel des musiques militaires.
(http://www.youtube.com/watch?v=EzFK7KHEyms&feature=related)
Ancien
régime
(9e suisse: régiment de Travers, régiment de Salis).
Le
neuvième corps permanent de troupe suisse au service de la
France a été levé en 1734 par le baron Travers
d'Ortenstein (o1686 +1744).
Comme le 7ème Suisse, le 9e Suisse appelé régiment de Travers puis régiment de Salis, prend part à toutes les guerres de l'Ancien régime, guerre de succession de Pologne (1726-1741), guerre de succession d'Autriche (1741-1748) et la guerre de Sept-Ans (1756-1763), puis sous l'appellation principale de 95e régiment d'infanterie, à celles menées par la France jusqu'à mai 1940.
En 1762, étant désormais le seul régiment dans la famille de Salis, il est connu sous le nom de régiment de Salis, ou régiment de Salis-Maienfeld.
A
la veille de la Révolution, en 1788, il est à Toulon,
puis à Corté, en Corse. Son licenciement intervient
avril 1793.
Révolution et Premier Empire
En 1794, la 95e Demi-brigade est constituée, dans le cadre de « l'Amalgame de première formation »
L'Amalgame de seconde formation refond en 1796 l'unité qui est alors constituée par:
22e demi-brigade de bataille
29e demi-brigade de bataille
94e demi-brigade de bataille
En 1803, l'unité reprend son appellation de 95e régiment d'infanterie de ligne.
Pendant les guerres napoléoniennes, il se bat alternativement en Europe centrale et en Espagne :
1805-1807 En Europe Centrale: Austerlitz (bataille mentionnée sur son drapeau), Friedland
1808 Espagne : Durango, Espinosa
1809 A nouveau Europe : Essling, Wagram
1810-1812 Retour en Espagne : Ximena, Cadix
1813 Dantzig et Dresde puis retour en Espagne (Vittoria, Col de Maya, Col d'Aran)
1814 Bayonne
1815 Ligny, Waterloo
Licencié dans le département du Cher, ses restent forment à Châteauroux La Légion de l'Indre, qui devient 9e de ligne.
Restauration
1820 Le régiment est recréé sous le nom du 20e régiment d'infanterie légère
1832 Il participe à l'expédition d'Anvers où, il se conduit brillamment (bataille mentionnée sur son drapeau).
Second Empire
1854-1855 Campagne de Crimée. Siège de Sébastopol (bataille mentionnée sur son drapeau)
1855 Alors qu'il combat en Crimée, il reprend le nom de 95e régiment de ligne.
1861-1867 Expédition du Mexique. Prise de Puebla ((bataille mentionnée sur son drapeau)..
Il prend part à la Guerre de 1870 sous les ordres du colonel Davout d'Auerstaedt. Il combat dans la région de Metz, puis, après la capitulation de Metz, il dépose les armes et rend son drapeau aux Prussiens.
Fin 19e et début 20e siècle
En 1871, il est reconstitué à Marseille. Après un court passage à Limoges en 1872, il arrive au camp d'Avord ,le 26 octobre 1873. En 1875, il réorganisé en 4 bataillons de 4 compagnies. Trois bataillons rejoignent Bourges en octobre, le quatrième reste à Avord. ,
Il est intégré au 8e corps, 16e division, 31e brigade en 1874.
En juillet 1880, il reçoit son nouveau drapeau qui porte les noms des batailles d'Austerlitz, Anvers, Sebastopol, Puebla.
Première Guerre Mondiale
Pendant toute la guerre, le 95e est intégré à la 31e brigade (qu'il forme avec le 85e RI de Cosne), 16e division d'infanterie, 8e corps d'armée.
1914 Prise de Sarrebourg, bataille de la Woëvre (énormes pertes humaines: environ 1/3 du régiment hors de combat.
1915 Saillant de Saint-Mihiel. (Épisode du Bois Brûlé, célèbre apostrophe de l'adjudant Péricart: debout les morts!)
1916 Verdun. A Douaumont le 95e RI est « le bouclier de la France ». Du 25 au 26 février il y laisse 8OO tués.
1917 Argonne, Champagne, Woëvre, les Eparges, La Main de Massiges.
1918 Champagne, la Marne
1919 le régiment regagne Bourges et y reste au quartier Carnot jusqu'en 1939. Dans cette période d'entre deux guerres, il adopte pour devise la phrase de l'adjudant Péricart « Debout les morts ».
Seconde Guerre Mondiale
Devenu 95e régiment d'infanterie motorisé au sein de 9e DI (avec le 13e RI de Nevers, le 131e RI et le 30e RA d'Orléans), il quitte Bourges sous les ordres du Colonel Compagnon pour la Moselle dès le 31 août 1939. En septembre il participe aux opérations de la Sarre et pénètre de quelques kilomètre en territoire allemand.
D'octobre à mai 1940, il stationne dans le Nord-Pas-de-Calais, autour de Cassel puis de Boulogne.
Le 10 mai, alors intégré dans la 7eArmée du Général Giraud, il va se positionner au nord de Bruxelles, le long du canal Albert.
Le 16 mai, la division fait mouvement vers Valenciennes et Guise pour faire face à la pénétration des troupes blindées du Général Rommel qui ont percé à travers les Ardennes.
La rencontre a lieu le 17 au matin et les combats durent jusqu'au 19 mai. La bataille, féroce, se déroule dans le Cambrésis, autour de Catillon et Le Cateau. La 7e division de Rommel, renforcée par le 1er régiment de SS Totenkopf, est puissamment armée et mobile.
Le 19 mai au soir, le régiment, enfermé dans Catillon, après une brillante défense, à court de réserves en hommes et en munitions est écrasé par le nombre et la force. Le drapeau est brûlé quelques minutes avant l'irruption des SS dans le réduit du colonel Grélot qui avait remplacé le Colonel Compagnon en janvier 1940.
1945 Cf Histoire de la reconstitution du 95e Régiment D’Infanterie en 1945
Après la guerre
1963 Il est recréé à Bourges dans le cadre de la réserve et reçoit un nouveau drapeau. Il est composé d'un noyau d'actifs et de réservistes.
1966 Il devient 95e RID (régiment d'infanterie divisionnaire)
1983 La 133e compagnie d'intervention du Cher est intégrée au régiment et devient la 3e compagnie du 95e RIAD.
1985 Il devient 95e RIAD (régiment inter-armes divisionnaire)
Le 1/1/1986 le 95e RID, alors commandé par le Lieutenant-Colonel Jean Crochet est dissous et quitte Bourges.
Il devient 95e RIAD (régiment inter-arme divisionnaire) aux ordres du Lieutenant-Colonel Médard. Il prend garnison au camp de Pannes, près de Montargis, où est transféré le drapeau reçu en 1963.
Les 2/3 des réservistes, en majorité des Berrichons, sont alors affectés à la Gendarmerie.
Le 95e RIAD est une nouvelle fois dissous en 1998 dans le cadre de la réorganisation des armées.
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